ANAGRAM AsBL
LES CONSEILS LECTURES DE LA LIBRAIRIE MÉTÉORES
Bruxelles, Belgique
Memwa Kréyòl
17·02·24
La librairie Météores se distingue en tant que librairie indépendante dotée d'un espace propice aux rencontres lors d'événements culturels variés tels que des concerts et des projections. Renaud-Selim et Timour Sanli ont été motivés par un mélange de résignation et d'organisation face aux menaces d'épidémies mondiales et d'accidents nucléaires, les incitant ainsi à ouvrir un lieu qui serait à la fois une librairie et un espace de convivialité, de débats et de célébrations.
Leur sélection de livres est éclectique, mettant particulièrement en avant l'édition indépendante en sciences humaines, tout en accordant une place significative à la littérature, en particulier contemporaine, couvrant ainsi des thématiques aussi variées qu’engagées. La librairie propose également une variété de BD et de livres pour la jeunesse
ADRESSE
Rue Blaes, 207, 1000 Bruxelles
HORAIRES
Fermée le lundi
Mardi de 10h à 17h
Mercredi-Jeudi-Samedi-Dimanche de 11h à 19h
Vendredi de 14h00 à 19h00
CONTACT
Site web : https://editionsmeteores.com/librairie/
Tél : +32 (0) 489 16 29 91
FB : https://www.facebook.com/libmeteores
IG : @librairie_meteores
LEUR SÉLECTION
´`·.·´`•--> PATRICK CHAMOISEAU. L'ESCLAVE VIEIL HOMME ET LE MOLOSSE. PARIS: GALLIMARD, 1997.
roman · marronage · créolité · martinique
"Du temps de l'esclavage dans les isles-à-sucre, il y eut un vieux-nègre sans histoires ni gros-saut, ni manières à spectacle. Il était amateur de silence, goûteur de solitude. C'était un minéral de patiences immobiles. Un inépuisable bambou. On le disait rugueux telle une terre du Sud ou comme l'écorce d'un arbre qui a passé mille ans. Pourtant, la Parole laisse entendre qu'il s'enflamma soudain d'un bel boucan de vie. Ainsi m'est parvenue l'histoire de cet esclave vieil homme, de son Maître-béké et du molosse qu'on lança à ses trousses. Une histoire à grands sillons d'histoires variantes, en chants de langue créole, en jeux de langue française et de parlures rêvées. Seules de proliférantes mémoires pourraient en suivre les emmêlements. Ici, soucieux de ma parole, je ne saurais aller qu'en un rythme léger flottant sur leurs musiques... »
´`·.·´`•--> MERLE COLINS. LA COULEUR DE L'OUBLI. SÈTE: ROT·BO·KRIK, 2023 (1995).
roman · luttes et mémoires populaires · caraïbes · grenade
William Janvier, surnommé Tonnerre, est un enfant qui vit dans l'île caribéenne fictive de Paz. Il doit son surnom à sa peur apoplectique des orages. Sa mère décide de l'emmener consulter Carib, une étrange prophétesse qui erre dans l'île en marmonnant des incantations mystérieuses, comme sa mère et sa grand-mère avant elle. Celle-ci explique alors à Tonnerre que l'orage qui l'effraie est à l'intérieur de lui : c'est celui qui, depuis des temps immémoriaux, gronde au-dessus de l'existence de ses ancêtres. Dans cette parabole de l'histoire des Antilles inspirée par l'art de la récitation afro-caribéenne, c'est aux femmes qu'incombera la tâche de remettre en mouvement la mémoire populaire.
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Poétesse et romancière de la Grenade, Merle Collins s’engage en 1981 dans la révolution grenadienne portée par le mouvement New Jewel. Quand les États-Unis envahissent l’île en 1983, elle trouve refuge à Londres, où elle débute son œuvre littéraire et devient membre du groupe de performance African Dawn. À partir du milieu des années 1990, elle enseigne la littérature à l’université du Maryland. Prolongeant la grande influence sur son enfance de sa mère et de sa grand-mère, Collins a cultivé le devoir de préserver et de prolonger la tradition caribéenne du récit et de la poésie orale. Si Merle Collins est une femme de lettres majeure de la Caraïbe anglophone contemporaine, La Couleur de l’oubli est son premier ouvrage à être traduit en français.
´`·.·´`•--> RENÉ DEPESTRE. MINERAI NOIR ANTHOLOGIE PERSONNELLE ET AUTRES RECUEILS. PARIS: POINTS, 2019.
recueil de poésie · identité · décolonialisme · Haïti
« Quand la frénésie de l'or draina au marché la dernière goutte de sang indien
De sorte qu'il ne resta plus un seul Indien aux alentours des mines d'or
On se tourna vers le fleuve musculaire de l'Afrique
Pour assurer la relève du désespoir »
La langue de René Depestre est à nulle autre pareille : sensuelle, vaudoue, impertinente, fougueuse et combattante. Celle d’un poète combattant, exilé à Cuba aux côtés de Castro et Guevara avant de dénoncer les dérives du régime. Sa soif de liberté et de justice résonne à chaque vers, dans chaque image, dans chaque trouvaille, dans chaque illumination. Il faut lire René Depestre. On en ressort vivifié.
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René Depestre est un poète, romancier et essayiste né en 1926 à Haïti. Il a reçu le prix Renaudot en 1988 pour Hadriana dans tous mes rêves. Il vit en France. Il est considéré comme le plus grand poète haïtien.
´`·.·´`•--> MALCOM FERDINAND. UNE ÉCOLOGIE DÉCOLONIALE. PENSER L'ÉCOLOGIE DEPUIS LE MONDE CARIBÉEN. PARIS: SEUIL, 2019.
essai · sciences humaines & sociales · écologie · post-colonialisme · caraïbes
Une colère rouge recouvre le ciel. Les vagues s’agitent, l’eau monte, les forêts tombent et les corps s’enfoncent dans ce sanguinaire gouffre marin. Les cieux tonnent encore devant ce spectacle : le monde est en pleine tempête.
Derrière sa prétention d’universalité, la pensée environnementale s’est construite sur l’occultation des fondations coloniales, patriarcales et esclavagistes de la modernité. Face à la tempête, l’environnementalisme propose une arche de Noé qui cache dans son antre les inégalités sociales, les discriminations de genre, les racismes et les situations (post)coloniales, et abandonne à quai les demandes de justice.
Penser l’écologie depuis le monde caribéen confronte cette absence à partir d’une région où impérialismes, esclavagismes et destructions de paysages nouèrent violemment les destins des Européens, Amérindiens et Africains. Le navire négrier rappelle que certains sont enchaînés à la cale et parfois jetés par-dessus bord à la seule idée de la tempête. Tel est l’impensé de la double fracture moderne qui sépare les questions coloniales des destructions environnementales. Or, panser cette fracture demeure la clé d’un « habiter ensemble » qui préserve les écosystèmes tout autant que les dignités. Telle est l’ambition d’une « écologie décoloniale » qui relie les enjeux écologiques à la quête d’un monde au sortir de l’esclavage et de la colonisation.
Face à la tempête, ce livre est une invitation à construire un navire-monde où les rencontres des autres humains et non-humains sur le pont de la justice dessinent l’horizon d’un monde commun.
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Malcom Ferdinand est ingénieur en environnement de University College London, docteur en philosophie politique de l’université Paris-Diderot et chercheur au CNRS (IRISSO / Université Paris-Dauphine).
´`·.·´`•--> ANNETTE JOSEPH-GABRIEL. IMAGINER LA LIBÉRATION DES FEMMES NOIRES : DES FEMMES NOIRES FACE A L’EMPIRE. SETE: ROT·BO·KRIK, 2023.
Essai · identité · féminisme noir · antilles
Au milieu du XXe siècle, tandis que se joue la fin de l’empire colonial français, des penseuses et militantes noires s’engagent au cœur des grands mouvements de décolonisation. Encore bien trop méconnues, Suzanne Césaire, Paulette Nardal, Eugénie Éboué-Tell, Jane Vialle, Andrée Blouin, Aoua Kéita et Eslanda Robeson sont pourtant des protagonistes majeures de la contestation de la domination impériale et raciste. Explorant leurs écrits et archives, Annette Joseph-Gabriel raconte leur parcours et la diversité de leur positionnement. Toutes ont en commun d’imaginer de nouvelles identités, tant panafricaines que pancaribéennes, et permettent de construire une histoire complexe du féminisme noir.
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Autrice et universitaire états-unienne, Annette Joseph-Gabriel enseigne la littérature française à l’université Duke. Spécialiste de l’étude des interactions entre culture, politique et littérature, elle explore notamment les héritages du colonialisme et de l’esclavage dans l’espace atlantique francophone. Son travail met en valeur les voix et les expériences d’autrices noires engagées dans l’anticolonialisme pour montrer combien leurs écrits peuvent nous offrir de nouvelles façons de penser les questions culturelles et politiques contemporaines.
´`·.·´`•--> OLIVIER MARBOEUF. SUITES DÉCOLONIALES : S'ENFUIR DE LA PLANTATION. RENNES: COMMUN, 2022.
essai · sciences sociales · décolonialisme · antiracisme
❤ pour le livre commenté c'est par ici ❤
´`·.·´`•--> EVE TUCK, K. WAYNE YANG. LA DÉCOLONISATION N'EST PAS UNE MÉTAPHORE. SÈTE: ROT·BO·KRIK, 2022.
essai · sciences humaines · décolonisation · amérindien
Dans cet essai, Eve Tuck et K. Wayne Yang entendent rappeler une chose simple : la décolonisation, c’est la restitution aux autochtones de leurs vies et de leurs terres. Elle n’est pas la métaphore d’autre chose, quand bien même cette autre chose tendrait à améliorer nos sociétés. Les luttes pour la justice sociale, l’élaboration de méthodologies critiques ou le décentrement des perspectives coloniales, si importants soient-ils, ont des objectifs qui ne convergent pas nécessairement avec le processus de décolonisation. Métaphoriser la décolonisation, c’est donner accès à toute une gamme d’esquives, ou « manœuvres de disculpation », qui permet souvent de se réconcilier avec la situation coloniale.
Pour sa première publication en français, le texte polémique de Tuck et Yang est accompagné en postface d’un entretien avec Christophe Yanuwana Pierre, militant kali’na, qui revient sur l’histoire du mouvement autochtone en Guyane, sur l’actualité de ses combats, et sur ses proximités et différences avec d’autres luttes autochtones de décolonisation.
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Originaire de l’île Saint Paul en Alaska, Eve Tuck est une chercheuse et autrice aléoute (Unangax) qui enseigne les études autochtones et la théorie critique de la race à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario.
Écrivain californien, K. Wayne Yang est professeur de pédagogie et d’études ethniques à l’Université de Californie à San Diego. Militant des quartiers populaires d’Oakland, il y a cofondé l’organisation Avenues Project.
Ensemble, ils dirigent la revue Critical Ethnic Studies et ont fondé le groupe Land Relationships Super Collective, qui milite en soutien à divers projets de décolonisation des terres autochtones.